INFOGRAPHIE - L'annonce en fanfare d'un «nouvelle Joconde» fait les gros titres mais n'agite guère les spécialistes. Le point sur cette réplique toutefois intéressante.
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Beaucoup de bruit pour rien? Cette nouvelle Joconde découverte au musée madrilène du Prado fait les grands titres mais n'agite guère les spécialistes. La réalité est bien moins spectaculaire, quoique intéressante. Cette copie précoce, en noyer milanais et non en peuplier florentin, qui passait même au XIXe siècle pour l'originale, et qu'on prétend aujourd'hui la plus ancienne jamais exécutée parmi la centaine de copies existantes, était bien connue.
Sa première référence se trouve dans un inventaire des collections royales espagnoles datant de 1666. Et la réplique était accrochée sur les murs du Prado jusqu'à ce qu'on l'emmène pour restauration, sur demande du Louvre. Un nettoyage des repeints XVIIIe a révélé un fond de paysage toscan auparavant peu discernable, fort proche de celui peint par Léonard.
Elle n'est pas de la main du maître
Une analyse infrarouge a également précisé les choses, permettant de certifier ce que l'on savait déjà: qu'elle n'était pas de la main de maître. La restauration conforte tout de même l'hypothèse de l'extrême précocité. Elle a pu être peinte dans l'atelier milanais par un élève (Francesco Melzi ou Andrea Salai le plus expérimenté des deux et dont l'inventaire après décès mentionne d'ailleurs une Joconde) devant l'original alors que celui-ci se trouvait dans un état intermédiaire.
«En aucun cas Léonard n'y a mis la main. La technique utilisée, peu subtile, n'a rien à voir avec le sfumato des chairs si complexe et raffiné qui s'observe dans le panneau du Louvre», affirme Jacques Franck, expert au centre d'études léonardiennes de l'université de Los Angeles UCLA. «Les couleurs, aussi, s'en écartent, notamment dans l' ensemble du costume, le paysage, etc.» On pourra constater les différences car l'oeuvre sera incluse dans l'exposition sur les dernières années de Léonard au Louvre du 29 mars au 25 juin. Elle permettra aux historiens de l'art d'avancer dans la connaissance encore très faible de l'atelier de Léonard. «Dans la réplique on voit mieux comment les mains de Monna Lisa reposent sur la balustrade et les plis de la draperie, commente Vincent Delieuvin en charge des peintures italiennes du XVIe siècle au Louvre. On se rend compte également que la fameuse ligne d'horizon, réputée décalée de part et d'autre du personnage, ne l'est en fait pas.»
La réplique du Prado permettra aussi d'imaginer, dans un certaine mesure, ce que pourrait donner une Joconde restaurée.
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